Incendie à Notre-Dame de Paris : les œuvres qui ont pu être sauvées, et celles qui ont été détruites
13h40, le 16 avril 2019
© Thomas SAMSON / AFP
Notre-Dame de Paris, ravagée lundi par un incendie, renferme des reliques vénérées par les catholiques, un orgue aux dimensions remarquables et de nombreuses œuvres d’art. Certaines ont pu être sauvées in extremis.
Alors que les pompiers combattaient au péril de leurs vies les flammes qui ravageaient Notre-Dame de Paris, d’autres s’employaient durant toute la nuit à sauver les œuvres et reliques inestimables abritées par l’édifice séculaire. Si certaines sont miraculeusement intactes, d’autres sont dans un état incertain. D’autres encore ont définitivement disparu dans le brasier.
Laurent Prades, régisseur du patrimoine intérieur de Notre-Dame de Paris, a lui-même passé la nuit à mettre à l’abri ces joyaux. Mardi matin, avec les pompiers, les architectes des Bâtiments de France, et les conservateurs, il dressait un état des lieux des œuvres encore sur place, et notamment celles qu’il faut sortir “impérativement, dans les heures qui viennent, avant que cela ne s’effondre davantage.”
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Ces œuvres qui ont pu être sauvées des flammes
La cathédrale contenait des reliques inestimables. La plupart ont pu être sorties à temps. C’est notamment le cas de la Sainte Couronne, posée, selon la croyance des catholiques, sur la tête de Jésus peu avant sa crucifixion. Elle se compose d’un “cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or, d’un diamètre de 21 centimètres, sur lequel se trouvaient les épines”, précise le site de Notre-Dame. La tunique de Saint Louis, également conservée dans la cathédrale, est également sauvée.
Dans chaque chapelle de la cathédrale étaient accrochées des peintures du 17ème siècle où, chaque mois de mai, les plus grands peintres de l’époque représentaient des thèmes religieux. Ces œuvres, grâce aux pompiers, ont pu être transférées dans la nuit depuis la cathédrale jusqu’à l’Hôtel de Ville.
“L’essentiel du mobilier a été sauvé”, assure mardi matin Laurent Prades. Sur Europe 1, le régisseur du patrimoine intérieur de Notre-Dame donne notamment des nouvelles rassurantes des deux orgues de la cathédrale. “L’orgue quotidien, qui est dans le chœur, a été copieusement arrosé, mais c’était pour préserver les stalles du 18ème siècle qui sont juste en dessous. Et le grand orgue, lui, n’a absolument pas été touché. Il a pris de la suie et de la poussière, donc il est totalement inutilisable. Mais il n’a pas pris une seule goutte d’eau. Rien n’a brûlé, rien n’a fondu”, constate-t-il. Ce grand orgue compte cinq claviers, 109 jeux et près de 8.000 tuyaux. Construit à partir du 15ème siècle, il s’est progressivement étoffé, jusqu’à atteindre au 18ème siècle sa taille actuelle.
EXCLU – L’orgue de Notre-Dame de Paris a été miraculeusement sauvé !
Quant aux trois rosaces, au moins l’une d’entre elles a été épargnée, comme le montre cette photo prise à l’intérieur.
Les stalles (les rangées de sièges, liés les uns aux autres et alignés le long des murs du chœur de la cathédrale, ndlr) datant du 18ème siècle n’ont pas brûlé, a constaté sur place Laurent Prades. Tout comme la Pieta, statue monumentale du sculpteur Nicolas Coustou commandée par Louis XIV selon le vœu de son père Louis XIII, et située derrière l’autel. “La voûte et la flèche se sont effondrées à quelques centimètres, mais elle est parfaitement intacte”, précise le régisseur.
Les stalles de Notre-Dame, avant le sinistre. Crédit photo : Ludovic MARIN / AFP
Les œuvres et reliques déposées dans les musées parisiens
“Pour le moment, les œuvres majeures sorties cette nuit sont parties en dépôt à la Ville de Paris, et nous allons organiser dans la journée de mardi la sortie des autres œuvres”, indique Laurent Prades au micro d’Europe 1. “Selon toute vraisemblance, ce sont des grands musées parisiens, comme le Louvre et peut-être celui de Cluny, qui vont accueillir les œuvres de très grand format.”
Ces œuvres qui ont été détruites
En s’effondrant, la flèche, qui culminait à plus de 90 mètres de haut, a emporté avec elle trois reliques dissimulées dans la statuette de coq en son sommet, qui faisait office de girouette : une des 70 épines de Sainte Couronne du Christ, une relique de Saint Denis et une de Sainte Geneviève. Le coq reliquaire, qui devait être décroché en juin pour être restauré, a fondu.
Les vitraux centenaires, eux aussi, ont disparu.
La charpente, surnommée “la forêt” en raison des innombrables poutres qui la constituaient, datait du 13ème siècle. Certaines poutres de chêne dateraient même du 8ème siècle. Il ne reste rien aujourd’hui de ce trésor inestimable et parfaitement conservé jusqu’à lundi soir.
Ces œuvres et reliques dont on ne connaît pas encore l’état
À l’intérieur de la cathédrale se trouvent toujours des œuvres majeures, notamment de très grands tableaux. “Les plus petits mesurent 3 mètres par 4, les plus grands 5 mètres par 5. Il faudra des heures pour les sortir de la cathédrale, tout en sachant que l’accès au site n’est pas encore sécurisé. Et ils se manipulent à une dizaine d’hommes”, prévient Laurent Prades.
Notre-Dame conserve deux autres reliques de la Passion du Christ : un morceau de la Croix et un clou de la Passion. Pour l’heure, on ignore dans quel état elles se trouvent.
Thomas SAMSON / AFP
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